vendredi 2 novembre 2007

Visite de l'exposition, L'atelier d'Alberto Giacometti au Centre G. Pompidou

L' Atelier d'Alberto GIACOMETTI
Collection de la fondation Alberto et Annette Giacometti





Le Centre Pompidou présente, en collaboration avec la Fondation Alberto et Annette Giacometti, une rétrospective inédite de l'œuvre d'Alberto Giacometti (1901-1966). Pour la première fois, toutes les facettes de la création de l'artiste sont présentées en référence à son espace de création, son atelier, et illustrées par des oeuvres rares, souvent invisibles du grand public, comme les plâtres peints ou les fragments des murs de ses trois principaux ateliers de Paris, Stampa et Maloja (Suisse). « L'atelier d'Alberto Giacometti », en écho au texte de Jean Genet de 1957, développe le sujet de l'atelier dans sa dimension de laboratoire, de lieu rituel, d'espace déterminant dans l'élaboration et la diffusion de l'œuvre. Giacometti et son atelier sont indissociables. Lieu de création et lieu de vie, il est devenu son univers et peu à peu une extension de son être. L'exposition offre une occasion exceptionnelle de réunir plus de 600 œuvres, dont la majorité provient des collections de la Fondation, complétées par une sélection d'œuvres issues de la collection du Centre Pompidou / Musée national d'art moderne et par quelques prêts de grands musées ou de collections particulières. La richesse des collections de la Fondation permet d'accompagner Giacometti à partir de ses débuts dans l'atelier de son père, en étudiant au plus près sa démarche et les thèmes qui scandent son œuvre. Voir le parcours dans l'exposition...Rythmée par des archives inédites, l'exposition présente les aspects les plus divers de la production de Giacometti : sculptures, peintures, dessins, objets d'art décoratif, gravures, écrits. Elle fait apparaître la vision très particulière de Giacometti face au réel, mouvant, instable, insaisissable. Comme le souligne le critique David Sylvester, il aspire à « perpétuer l'éphémère ».



Plan de l' Expo:

Salles 1 et 2-La jeunesse en Suisse (1901-1921) et les débuts parisiens (1922-1929)
Cette première partie présente des portraits de Giacometti, dont ceux de son père Giovanni, peintre impressionniste, et de son parrain le peintre symboliste Cuno Amiet. La petite Tête de Diego sur socle (1914-1915) et sa première peinture à l'huile connue, Nature morte aux pommes (1915) en hommage à Cézanne, sont considérées par l'artiste comme ses premières oeuvres. De 1922 à 1926, Giacometti devient à Paris l'élève du sculpteur Antoine Bourdelle, qui influence ses premières oeuvres. Les deux sculptures Le Couple et la Femme cuillère de 1927 sont marquées par les oeuvres cubistes du sculpteur Jacques Lipchitz et du peintre Fernand Léger. Giacometti commence en 1928 sa série de femmes et de têtes en forme de plaques, dont la singularité est remarquée en 1929, année au cours de laquelle l'artiste est introduit dans les milieux surréalistes.
Salle 3-Giacometti et les photographes (1931-1966)
Dès 1929, Giacometti accueille des photographes dans son atelier. Des centaines de clichés sont publiés dans la presse, lui assurant une célébrité planétaire. Une sélection de tirages photographiques par Brassaï, Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau, Arnold Newman ou Gordon Parks font apparaître Giacometti et son atelier comme inséparables.
Salles 4 et 5- L'atelier (1926-1966)
Giacometti travaille et habite dans son atelier à Montparnasse de 1926 à la fin de sa vie. Il utilise les murs comme les pages d'un carnet de croquis monumental, notamment pour indiquer à son frère Diego les dimensions des armatures des sculptures, ou pour noter une idée. L'artiste étant locataire des lieux, sa veuve, contrainte de partir en 1972, a choisi de faire démonter tous les fragments ayant conservé des traces de l'activité de Giacometti. L'atelier est évoqué par deux espaces. La salle 4 présente les pans de murs détachés recouverts de graffiti et de peintures murales qui renvoient à des pièces majeures comme Jambe, L'Homme qui marche, les grandes femmes, les bustes d'hommes. La salle 5 reconstitue à l'échelle le volume de l'atelier.
Salle 6- L'expérience surréaliste
Giacometti adhère au mouvement surréaliste d'André Breton en 1931. La Boule suspendue, Tête-crâne et L'Objet invisible étaient les trois œuvres préférées de Breton. L'artiste est exclu du mouvement en 1935. Toutefois, les procédés surréalistes subsistent dans sa création : vision onirique, montage et assemblage, objet à fonctionnement métaphorique, traitement magique de la figure. La création de meubles et luminaires traduit son intérêt pour les objets utilitaires des civilisations antiques ou primitives. Une dernière version peinte de La Boule suspendue, créée en 1965 pour une rétrospective à Londres, montre la persistance du lien de Giacometti avec le surréalisme.
Salle 7-Qu'est-ce qu'une tête ?
Située au coeur de l'exposition, cette salle aborde le thème de la recherche sur la tête humaine, centrale dans la démarche de l'artiste de 1935 à 1950. La tête et particulièrement les yeux sont pour lui le siège de la vie qui anime l'être humain. Dans les années trente, son frère Diego, une amie anglaise – l'artiste Isabel Delmer – et le modèle professionnel Rita Gueyfier sont ses sujets favoris, mais l'on ne peut parler de portraits. Après 1945, Giacometti travaille la figure humaine anonyme mais pratique aussi le portrait de personnalités telles Marie-Laure de Noailles, Simone de Beauvoir ou le résistant Rol-Tanguy.
Salle 8-Plâtres peints
De 1945 à 1965, Giacometti explore les différentes manières de traiter le plâtre peint, poursuivant ses expérimentations des débuts. Il s'agit de petites têtes ou de grandes figures, entièrement peintes ou rehaussées au pinceau. Les couleurs sont vives ou éteintes, appliquées en aplats ou travaillées avec le plâtre. Les deux Figurines de Londres et l'Homme assis sont achevés dans les sous-sols de la Tate Gallery en 1965.
Salles 9 et 11-Diego et Annette
Diego, assistant de Giacometti depuis 1930 et Annette, que l'artiste épouse en 1949, sont ses deux principaux modèles. Il les traite d'après nature ou de mémoire, en peinture et en sculpture. Tous deux sont les faces féminine et masculine de sa recherche sur la figure humaine dont l'un des aspects est le caractère de mutation perpétuelle de tout organisme. Giacometti s'éloigne de la notion classique de « portrait » pour traduire au plus près sa perception du modèle vivant. L'observation intense de celui-ci lui procure une sensation ambivalente d'horreur et d'émerveillement. Face à son modèle, il refuse la perspective, pour le restituer tel qu'il le voit – dans son aspect parcellaire ou déformé. Travaillant de mémoire, il traduit sa vision en faisant surgir le modèle d'un espace imaginaire. Il s'agit de rendre la vie frémissante de celui-ci et non sa psychologie.
Salles 10 et 14-Yanaihara, Fraenkel et Caroline
Giacometti rencontre Yanaihara, un modèle japonais, avec lequel il engage en 1956 un véritable marathon de poses, chacun cherchant à épuiser l'autre. Caroline, la dernière passion amoureuse de Giacometti, pose à partir de 1960. Quant à Fraenkel, son médecin et celui des surréalistes, il sera pour un moment son ami proche.
Salle 13-Du plus petit au grand
La question de l'échelle est centrale dans la pratique de Giacometti, qui traite souvent les mêmes motifs en plusieurs dimensions. Il cherche toujours à intégrer sa perception de l'échelle à l'œuvre elle-même, qui peut être monumentale tout n mesurant quelques centimètres. À la fin des années trente, ses sculptures rétrécissent malgré lui, et ce n'est qu'en 1945 qu'il parvient à maîtriser cette compulsion avec Femme au chariot.
Salles 12 et 15-Homme et arbre, forêts et cages
L'homme est, comme l'arbre, pris dans un processus de croissance et de mort. Ce thème, souvent traité, orne la porte que Giacometti dessine pour le caveau des Kaufmann en Pennsylvanie. La cage, en peinture ou en sculpture, ou le plateau, lui permettent de délimiter un espace imaginaire dans lequel se déroulent des scènes oniriques, ou d'isoler la vision d'un buste dans son atelier. Dès les années trente, Giacometti cherche à contrôler la présentation de ses oeuvres. Après guerre, le socle devient une partie intégrante de sa sculpture.
Salle 16-Médailles et foulards
Giacometti a été sollicité pour des médailles commémoratives (Jean-Paul Sartre, Matisse), captant ainsi un visage, sans pour autant renouveler l'art de la médaille comme il l'avait espéré. Une pochette de disque pour Stravinsky, commandée par Pierre Boulez, et un foulard édité par la galerie Maeght, lui permettent de réaliser des objets fonctionnels à la périphérie du domaine des beaux-arts.
Salle 17-Copies et manuscrits
Les Copies du passé, livre sur lequel Giacometti travaillait à sa mort, porte sur les copies d'après les maîtres anciens. L'artiste en réalisa pendant toute sa vie. Quelques manuscrits évoquent son activité d'écrivain à partir de 1931, domaine où il manifeste le même goût insatiable pour le travail que dans son métier de peintre ou de sculpteur.
Salle 18-Paysages
Pour Giacometti, le quotidien le plus ordinaire recèle de l'inconnu et du merveilleux. Le parcours se clôt sur un face à face entre les paysages peints depuis la fenêtre de son atelier de Stampa et les bustes du photographe Eli Lotar, ses dernières oeuvres, montrant l'unicité fondamentale de son sujet.